Les Everglades forment le plus grand écosystème de mangrove de tout le continent américain. Sur plus de 20 000 km² – soit deux fois la superficie de l’Île-de-France, ses rivières s’écoulent à une lenteur exceptionnelle, environ 400 mètres par jour. Dans ce parc national créé en 1934, la panthère de Floride et le crocodile américain côtoient 90 espèces de mammifères et de reptiles, mais ce joyau est menacé par le changement climatique. Car le risque vient de la mer…
Il y a un siècle, les étangs qu’on appelle “marais éternels” couvraient tout le sud de la Floride dans l’arrière pays de Miami. Au début du 20e siècle, le gouverneur de Floride Napoleon Bonaparte Broward décida de drainer les Everglades de manière à irriguer les exploitations agricoles alentour tout en gagnant des terres pour le développement urbain. Pour lutter contre cette destruction à grande échelle, un parc national vit le jour en 1934.
Des tribus natives américaines vivaient là, dans le sud de la Floride, depuis au moins 10 000 ans. Mais lorsque les colons européens sont arrivés dans le sud-est de l’Amérique au 16ème siècle, ils ont tenté de repousser les autochtones vers de petites réserves à l’ouest. Les membres de la tribu Seminole ont alors déménagé dans les Everglades difficiles à explorer pour les étrangers. Ils y vivent encore aujourd’hui.
Aujourd’hui, le parc national des Everglades est couvert d’herbe scie, une plante coupante qui pousse dans un simili fleuve de quelques centimètres de haut et de 80km de large. Visité par environ un million de personnes par an, ce parc est le troisième plus grand des Etats Unis, traversé par les désormais célèbres aéroglisseurs.
Sa faune est particulièrement riche : pumas, lynx, ratons laveurs, flamants, hérons, vautours, pélicans, aigles, lamantins, alligators, … Mais sa fonction n’est pas que celle d’une réserve : l’eau potable de neuf millions de personnes des cités de Floride dépend des capacités de filtrage de ces marécages.
Le problème principal, c’est que ce paradis de terre et d’eau est menacé par la montée de l’océan.
L’arrivée de cette eau salée dans les zones humides d’eau douce risque d’avoir des effets dévastateurs. Comme dans le delta du Gange en Inde et au Bangladesh, le paysage pourrait se transformer rapidement, avec une destruction progressive de la végétation devenue inadaptée. Le manque d’eau douce ne mettrait pas seulement fin à la séquestration du carbone par les organismes végétaux, il entraînerait la libération dans l’air de ce qui était stocké dans les tourbières au sol.
Parce que les Everglades existent depuis 2 à 5 millions d’années.
Une énorme tourbière organique qui, au fil du temps, a capturé dans le sol de grandes quantités de carbone.
Une double peine climatique.Les Everglades forment donc un des écosystèmes les plus vulnérables de la planète.
En l’an 2000, le Congrès américain a voulu réagir. Les scientifiques ont imaginé un système complexe de canaux, digues, barrages et pompes. Malgré des progrès notables, seul un des 68 grands projets du plan de l’an 2000 a été achevé.
En 2022, le président Joe Biden a débloqué un budget 350 millions de dollars pour les Everglades, 100 millions de plus qu’en 2021. En avril 2023, le gouverneur de Floride Ron DeSantis a signé un accord pour construire un réservoir d’une valeur de 3,4 milliards de dollars.
Sauver les reptiles, les pumas, et tout ce qui vit dans cet écosystème unique au monde. Mais aussi, préserver l’eau douce pour les populations locales de Floride qui pourraient être victimes de ces mutations.
Car la dégradation s’accélère en Floride, c’est une véritable course contre la montre.