L’Adrar, en Mauritanie, est un plateau aride reconnu pour ses gorges, ses regs et ses dunes aux couleurs bigarrées. L’absence d’eau y rend toute agriculture et toute vie humaine impossibles.
Mais la région était verdoyante au Néolithique, il y a 12 000 ans. Ses grottes dissimulent partout des peintures rupestres, témoins d’une époque où le Sahara était bien différent de ce qu’il est aujourd’hui…
Au moment de la dernière glaciation, le Sahara était verdoyant et fertile, couru de lacs et de rivières, peuplé de girafes, de lions et d’hippopotames. En fait, depuis des centaines de milliers d’années,, l’Afrique du Nord a connu plusieurs périodes humides ayant entraîné un verdissage temporaire du Sahara, avec le développement de rivières, de lacs et surtout, d’une dense végétation.
Au total, quelque 230 périodes humides ont ainsi déjà été identifiées sur les derniers 8 millions d’années.
Le Sahara a tendance à osciller entre un climat sec et un climat humide tous les 20 000 à 30 000 ans.
La dernière période de climat humide et pluvieux sur le nord de l’Afrique et la péninsule arabique, date d’environ 8000 à 4000 av. J.-C..
Les conditions favorables et fertiles durant cette période ont permis un développement des peuplements humains dans la vallée du Nil, dans le Soudan néolithique et au Sahara. Ces cultures créent un art rupestre florissant, comme ici, en Mauritanie. Dans ces vallées inhospitalières de roche, de poussière et de terre, des populations vivaient dans le bonheur il y a peu.
On a retrouvé des gravures, des peintures et des vestiges archéologiques dans tout le plateau de l’Adrar.
Des populations qui ont fui. Reviendront elles?
Le changement climatique pourrait entraîner un reverdissement du Sahara dans le futur. Si nos émissions de CO2 continuent d’augmenter au même rythme, les taux atteindront d’ici la fin du siècle ceux d’il y a 50 millions d’années et le verdissement pourrait s’accélérer grâce à une mousson nord-africaine.
Mais compte tenu du caractère artificiel du réchauffement actuel, c’est à dire accéléré par nos émissions, ce scénario n’est qu’un seul parmi plusieurs. Ce qui est constaté aujourd’hui en Mauritanie, c’est surtout une accélération de la désertification.
Les principaux facteurs qui contribuent à la désertification et la dégradation des terres sont la combinaison entre les changements climatiques avec des pratiques d’exploitation inadaptées comme le défrichement, le sur-pâturage, le déboisement et bien sûr l’extraction minière.
En Mauritanie, 80% du territoire national est touché par la désertification.
Près de 200.000 nouveaux hectares de terres sont dégradés chaque année depuis 20 ans.
Au-delà des impacts environnementaux, la dégradation des terres accentue la pauvreté, l’insécurité alimentaire, les conflits dus à l’inégalité dans l’accès aux ressources et la migration des populations.
Restaurer les écosystèmes dégradés est un véritable enjeu humain et écologique.
La restauration des terres procure de multiples avantages : préservation de la biodiversité, atténuation et adaptation au changement climatique, réduction des risques de catastrophes, création d’activités économiques et d’emplois directs, sécurité alimentaire et hydrique et protection de la santé.
Indépendamment des enjeux de long terme sur le Climat et les cycles du Sahara, la lutte contre la désertification ne présente que des avantages à court terme, plus l’humanité et pour toutes les autres formes de vie.