Cet affluent de l’Amazone, le sixième plus long cours d’eau des Amériques, compte le plus grand nombre de virages et de méandres au monde. Depuis les Andes péruviennes, il s’écoule sur 3 283 km vers le Brésil, du sud vers le nord. Au coeur de la jungle étouffante, il serpente sinueux et lent, dans une forêt inondée – l’un des endroits les plus humides et chauds sur Terre – qui accueille une biodiversité au mètre carré extraordinaire…
Cette rivière serpente littéralement en plein cœur de la jungle amazonienne, au pied des Andes et au sud du grand fleuve Amazone. Son bassin forestier compte près de 390 milliards d’arbres, avec 16 000 espèces selon les estimations, soit 13 % des arbres de la planète. On compte 50 fois plus d’arbres dans la forêt amazonienne que d’êtres humains sur l’ensemble de la planète. Et le massif existe depuis au moins 55 millions d’années.
Mais son rythme de disparition est alarmant.
Le plus grand réservoir de biodiversité au monde est menacé par le réchauffement climatique l’orpaillage et la déforestation : depuis 1970, 18 % à 20 % de la forêt a disparu.
Juruá possède une immense plaine inondable et, par conséquent, en raison du tirant d’eau et des régimes de crue des rivières amazoniennes, donne naissance à des milliers de lacs chaque année de part et d’autre de ses rives. Aussi à cause de ce phénomène, la profondeur de la rivière varie entre 12 et 15 mètres. Son principal problème environnemental réside dans les pâturages et l’exploitation forestière illégale.
Qu’est-ce qui fait que des rivières comme le Juruá se tordent tellement plus que d’autres rivières? Il coule sur un terrain relativement plat, ce qui permet à l’eau de changer de cap plus facilement que sur d’autres terrains. Mais les rivières transportant de grandes quantités de sédiments serpentaient davantage et présentent plus de coupures et de bras morts que celles transportant moins de sédiments. Le Rio Jurua charrie énormément de terre.
Reconnu comme site Ramsar protégé sur 2,1 millions d’hectares, le bassin naturel de la rivière Jurua en trois zones protégées : la réserve d’Uacari, la réserve extractive du Baixo Rio Juruá et de l’Alto Rio Juruá. Sur ses rives, on trouve également la terre indigène Dení.
Dans un contexte de canicule jamais vue, l’Etat d’Amazonas a été victime d’une sécheresse inédite à l’automne 2023. La navigation a été perturbée sur 90% de ses lignes fluviales dont le Jurua, et cette sécheresse s’est assortie de feux de forêt colossaux. Depuis 20 ans, les données montrent que le nombre d’incendies dans la région a augmenté considérablement.
La forêt humide la plus chaude et la plus dense de la planète est donc en cours de mutation, elle aussi. Plus aucun biotope de la planète n’est épargné par l’accélération des mutations de notre géosystème.